Au moment du déconfinement, l’expression « art de vivre » a commencé à refleurir alors qu’elle semblait plus que désuète. Ainsi, le premier jour, nous avons assisté au bal du Gouvernement autour du café en terrasse; Emmanuel Macron et Jean Castex ont ouvert la danse, tous les deux, avec un tonitruant « Nous y sommes ». Tandis que notre ministre-écrivain de l’économie, Bruno Le Maire, seul, lisait les nouvelles du jour avec un expresso.

À cet égard, ce qui manquait le plus aux français serait-il de s’attabler ou peut-être, plus encore, de se retrouver hors de chez soi ?

 

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Au-delà des politiques, mes influenceurs préférés se sont également rués en terrasse mais plutôt au Café de Flore et aux Deux Magots pour signifier un retour à nos valeurs et à une certaine branchitude. Ainsi, cette libération soudaine se devait de trouver une source d’incarnation.

Finalement la terrasse deviendrait-il un marqueur social ?

Et surtout, en fonction du lieu où l’on se trouve, cela détermine une classe sociale. En d’autres termes « être en terrasse ou ne pas être, telle est la question ? »

L’art de vivre à la française un phénomène datant de l’occupation mais surtout littéraire

Je me suis demandé pourquoi dans l’imaginaire collectif, la terrasse parisienne symbolisait autant le France . Pour cela, je me suis tourné vers l’agité du bocal, expression célinienne pour qualifier Jean-Paul Sartre, et Simone de Beauvoir, dite le Castor, car en anglais ce petit animal à poil s’appelle « beaver. »

En effet, durant l’occupation allemande, la France faisait face à une grave pénurie. C’est pourquoi, notre duo Littéraire avaient pris l’habitude de travailler à l’étage du Flore, le fameux café rive gauche, car celui-ci avait un poêle et la chaleur en montait. Ces écrivains existentialistes ont été la personnification d’un style de vie où l’aspect intellectuel se mêlait à un esprit festif. Pour la jeunesse de l’époque, ils étaient considérés comme des influenceurs et leur mode de vie a été reproduit. D’ailleurs, Philippe Solers raconte que lorsqu’il se baladait à Saint-Germain avec Sartre, les gens se retournaient dans la rue.

D’ailleurs Sartre évoquait le Flore en ces termes « Nous nous y installâmes complètement : de neuf heures du matin à midi, nous y travaillions, nous allions déjeuner, à deux heures nous y revenions et nous causions alors avec des amis que nous rencontrions jusqu’à huit heures. Après dîner, nous recevions les gens à qui nous avions donné rendez-vous. Cela peut vous sembler bizarre, mais nous étions au Flore chez nous ». Dans ce sens, le café est devenu une maison et donc un endroit réconfortant où nous revenons trouver une forme de réconfort.

À cet égard, « Paris est un fête » d’Ernest Hemingway (« A Moveable Feast » dans la version originale) participe également au développement de cet imaginaire parisien. D’ailleurs en préambule, l’écrivain américain précise que « Ce livre peut être tenu pour une œuvre d’imagination. Mais il est toujours possible qu’une œuvre d’imagination jette quelque lueur sur ce qui a été rapporté comme un fait ». En d’autres termes, certaines fois l’imaginaire s’avère préférable à une réalité pesante !

Aujourd’hui, une revisitation de l’imaginaire parisien

Actuellement, les écrivains ont été remplacé par les Youtubeurs, Instragameurs et TikTokeurs qui, eux aussi, véhiculent un imaginaire et un style de vie.

Quelles sont les différences et similitudes entre ces deux époques ?

Simone de Beauvoir avait pour habitude de qualifier Sartre de « Machine à écrire ». En effet, il passait à minima 4 heures par jour à écrire. Et, elle corrigeait, annotait et coupait cette prose qui paraissait sans limites. Aujourd’hui, nos influenceurs préférés produisent également une somme de contenu incroyable afin de pouvoir émerger face aux algorithmes et plaire à leur communauté. Bref, il convient d’être un serial content marketer.

Comment mes influenceurs adorés se sont-ils réappropriés cette fiction française ?

En premier lieu, le rooftop semble revenir en force car il permet de prendre des photos splendides et évite un travail historique d’appropriation. En effet, dorénavant, l’image à remplacer les mots; et l’art de lire est tombé en désuétude. Malgré tout, l’élégance parisienne continue à oeuvrer à travers des tenus légères et éthérées. Ou, tout simplement, en rajoutant un ou deux accessoires sur une terrasse, comme une paire de lunettes avec un sac à main. C’est pourquoi, le charme discret reste une valeur sûre et surtout universel.

 

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En outre, les images des retrouvailles des amis, des potes et des collègues de travail autour d’un verre n’a jamais autant symbolisé le retour à « Une vie normale ». À cet égard, la privation de ce plaisir simple d’un café ou d’un verre, nous a rappelé que la vie en société passe avant tout par une certaine légèreté et insouciance.

Le mot de la fin

Enfin, je voulais terminer en vous partageant le chronique de l’humoriste Guillaume Meurice qui manie si bien l’ironie, un art tellement français qui rassure en ces moments si troublés.👇

 

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👉 Si ce que j’ai écrit vous a intéressé, je vous recommande, mon dernier article intitulé « Les nouveaux métiers dans la mode. »

Article publié le 28 mai 2021.

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